Les énoncés non scientifiques sont-ils dénués de sens?
Général VOUILLEMIN.
En traduisant « Wiener Kreis » par « Ecole de avocat meaux Vienne », j’ai voulu marquer, indépendamment des personnes et des lieux, l’existence d’une discipline, comme on caractérise en art, par exemple, l’existence d’une manière. Cette discipline paraît accuser quelques flottements, que les trois prescriptions suivantes seraient en mesure de réduire 10 Appliquer systématiquement le « De quoi s’agit-il ? » de l’homme d’action. Exposer toujours more geometrico.
2° Eviter la tautologie du second genre, celle qui tient au manque de rigueur dans les définitions.

30 Aborder les problèmes sous la forme Jusqu’où peut-on s’avancer avec tels et tels moyens ? Proscrire les exclusives et les prophéties, incompatibles avec un Positivisme logique.
Faute de les observer on encourt tous les reproches adressés à la métaphysique à commencer lorsqu’on parle de « LA » science. La première empêchera de confondre les objets par exemple la construction d’une axiomatique sur la base de procès-verbaux, question de logique pure, et le contrôle par chacun de nous de la confiance à lui garder, problème psychologique. Elle écartera l’illusion des bâtons flottants du fabuliste devant une grandiloquence dans les thèses, qui contraste souvent avec la banalité de la plupart des cas de leur application.
XII
La seconde est la condition d’une philosophie véritablement scientifique. Maintes publications côtoient le cercle vicieux et le truisme pour n’avoir pas établi des définitions correctes, concrètes et complètes d’expressions comme science, pourvu de sens, métaphysique, unité de la science, mathématique, contrôle, etc. La proposition viennoise « La science n’a pas de limites », par exemple, n’est-elle pas tout bonnement une tautologie ? Les esprits enclins au matérialisme dogmatique la croient synthétique.
Quant à la troisième, elle ne fait que traduire l’obligation de loyauté scrupuleuse qui s’impose à tous les maîtres ès-sciences. L’expression « dépourvu de sens » joue un rôle capital dans l’activité de l’Ecole de Vienne, consacrée à éliminer le pseudo-savoir du tableau des prétendues connaissances humaines. Elle est employée avec une facilité excessive et comme si elle possédait un caractère absolu, tandis que ce caractère est relatif à chaque problème et au « De quoi s’agit-il ? » qui le circonscrit. La notion de « pourvu de sens », en tous cas, déborde au delà de celle de « scientifique ». L’acte de connaître est fondamentalement personnel et solidaire du contenu-de-conscience. La notion de « sens » ne peut pas être séparée de ces contenus-de-conscience eux-mêmes, par lesquels nous prenons le contact d’un MONDE, qui nous devient propre, dans lequel instinctivement nous nous efforçons de découvrir l’ordre, pour ensuite nous interroger sur ses raisons d’être, à la manière dont nous nous interrogeons dans la vie sur tous les facteurs intervenant dans l’ordre. Dans la multiplicité immense de MES contenus-de-conscience et complexes de contenus-de-conscience il en est à propos desquels je ne dis pas sur lesquels je puis arriver à certains accords, d’une nature particulière, avec AUTRUI c’est le fait auquel il paraît convenable de se référer pour délimiter l’emploi du quaIiScàtif « scientifique ». Ces accords participent de la spécificité de la personne humaine on ne la supprime qu’à la manière de l’autruche. Ils confèrent au « scientifique » des degrés, fonctions des possibilités d’accord entre les hommes J’ai esquissé ce point de vue dans « La logique de la science et l’Ecole de Vienne » (Hermann). Un symbole (langage) émis par AUTRUI peut correspondre en lui à un contenu-de-conscience, donc avoir pour Lui un sens, mais ne susciter en Moi, actuellement, aucun contenu-deconscience parallèle, c’est-à-dire ne valoir que comme un bruit ou des
taches d’encre, sans plus. Manque alors la condition d’un accord concevable, fondamental pour le savant.
Beaucoup de prudence s’impose dans l’emploi d’expressions auxquelles le langage courant donne parfois une interprétation péjorative beaucoup de prudence surtout lorsqu’elles interviennent dans des questions d’où la passion n’est pas toujours exclue, malgré le,signe de la Science.